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Pour commencer, l'émotion...

Publié le par nicole

Pour commencer, l'émotion...

        

 

 

 

Dans le numéro 700 des Cahiers du cinéma, la rédaction invitait les lecteurs à "raconter, décrire, dans sa dimension la plus physique, une émotion et le moment de cinéma qui l'avait déclenchée...Une image dont vous n'êtes jamais revenu. Un moment qui fut, pour paraphraser Kafka, " un coup de hache qui a brisé la mer gelée en vous"."

       Le cœur battant, j'ai tapé un texte et l'ai envoyé. Il a été retenu et publié dans le numéro 702 de juillet-août 2014. J'ai toujours le cœur battant.

       L'émotion:

Pour moi, le cinéma, c'est essentiellement l'émotion, comme le dit Fuller dans  Pierrot le Fou.

       Une émotion ? Elles me viennent en foule, si intenses. Cinéma cinémas. En voilà une : j'avais 6 ou 7 ans, j'habitais Bône en Algérie. J'allais l'après-midi au cinéma avec ma sœur, de quatre ans mon aînée. Elle m'accompagnait et s'ennuyait un peu. Limelight  ou Les Feux de la rampe  de Chaplin. Le maquillage très accusé. Le noir et le blanc. Et Chaplin, Calvaro, en clown, grimé, tragique, occupant la scène du music-hall avec Buster Keaton, de dos, au piano, à la fin du film. La scène est intense, dramatique et l'on sent que la mort arrive. Calvaro, le vieux clown, tombe dans la grosse caisse. Il se brise la colonne vertébrale. Toute la salle rit et l'applaudit. Je suis effrayée, bouleversée.

        Le lendemain, je revois le film avec ma sœur. Je respire très mal et j'attends la fin avec une angoisse accrue. Nous revenons le lendemain. Je respire de plus en plus mal. Chaplin tombe pour la troisième fois. Ma sœur est obligée de me faire sortir et mes parents m'accompagnent de toute urgence chez le cardiologue, le Dr Simon dont je n'ai pas oublié le nom. Il me calme, il rassure la famille. Tout va bien, seulement trop d'émotion.

       Le cinéma sera toujours pour moi source de vie. Intensifiée. Johnny Guitare, Duel au soleil, La nuit du chasseur, Vivre sa vie et les larmes de Karina regardant bouleversée le visage de Jeanne d' Arc-Falconetti. Le Mépris et le poème de Dante : "Déjà la nuit contemplait les étoiles/ Et notre première joie se métamorphose vite en pleurs / Et jusqu'à ce que la mer se fût refermée sur nous."

      

 

 

 

 

     

 

Pour commencer, l'émotion...
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D
J'ai pleuré moi aussi avec Anna Karina. Chaplin m'a ému dans Limelight et comme vous je ne comprenais pas qu'on rie autour de moi. Le cinéma est union.
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